Aux sources de la charité : saint Vincent de Paul
À partir de 1617, saint Vincent de Paul crée des confréries des dames de la charité. La Congrégation de la Mission (Lazaristes) naît peu après, en 1625. Elle fête donc 400 ans d'existence cette année. Par Christian Dubié, président de l'équipe du Cher

Vincent, prêtre fondateur
Issu d’un milieu modeste, Vincent, qui n’est pas l’aîné, choisit de devenir prêtre. Il est ordonné en 1600, à 19 ans. Ce qu’il cherche, c’est une « honnête retirade », une cure, qui lui permettrait de vivre et d’aider sa famille. Dieu en décidera autrement.
Après des études à Toulouse, des voyages en France, Bordeaux, Toulouse, Marseille, une captivité en « barbarie » et un voyage à Rome, le jeune prêtre arrive à Paris en 1608. Il va être remarqué par Pierre de Bérulle, futur cardinal, qui lui maintiendra toujours son amitié et va l’introduire à la Cour. Vincent y deviendra aumônier de « la reine Margot » puis rentrera au service de la famille Gondi, de sang royal, comme précepteur et aumônier.
C’est le moment où sa vie va basculer.
Au début de 1617, alors qu’il accompagne Mme de Gondi sur ses terres de Folleville et de Gannes, il est appelé au chevet d’un vieillard mourant qui veut se confesser. La confession de cet employé modèle en présence de sa maîtresse sidère par ses aveux, au point que Mme de Gondi demande à Monsieur Vincent de faire un appel général à la confession : c’est le « sermon de Folleville ». Vincent a découvert la misère spirituelle.
La mission de saint Vincent de Paul commence par une confession.
Désirant s’écarter un peu de la famille Gondi, Vincent est nommé curé de Châtillon-les-Dombes près de Lyon. C’est là qu’il va découvrir la misère matérielle. Avec les dames de la bourgeoisie et de la noblesse, il va fonder sa première œuvre : une confrérie de charité. Rappelé à Paris par les Gondi, il va créer d’autres confréries et leur donner, comme il le fera pour toutes ses œuvres, un règlement.
Naissance des Lazaristes
Mais Vincent est un prêtre. Après différentes missions, dont celle d’aumônier général des galères, il pense qu’il faut créer une congrégation de prêtres et de frères dont la mission sera d’évangéliser les pauvres là où ils seront envoyés. Cette œuvre sera financée par Mme de Gondi.
Le 17 février 1625, est signé l’acte de fondation de la Congrégation de la Mission. Ce n’est que le point de départ. Le chemin ne va pas être simple : la hiérarchie catholique limite l’action des prêtres aux campagnes, il leur est interdit de prêcher en ville et même d’entrer dans une église sans l’accord du curé. Toutefois, l’épiscopat français ayant admis que la congrégation participe à la contre-réforme, le prieuré de Saint-Lazare est donné en 1632, celle-ci est reconnue par le pape le 12 janvier 1633. Elle peut alors s’étendre.
Les prêtres de la Mission (appelés aussi Lazaristes) sont envoyés partout dans une France qui souffre de la guerre et de la rébellion des princes. Ils vont aussi être envoyés hors de France.
Là encore, saint Vincent va donner un règlement et s’attacher à la formation à travers des conférences (1633) et un séminaire (1637).
Saint Vincent de Paul est un homme d’action capable de surmonter beaucoup d’obstacles. Mais c’est avant tout un homme de foi pour lequel tout part du Christ à travers l’oraison : « Donnez-moi un homme d’oraison et il sera capable de tout. »
Une mission : aller vers les pauvres
En 1624, Monsieur Vincent avait rencontré Louise de Marillac, qui avait contribué à organiser les confréries. Mais il n’était pas évident pour ces femmes de la haute société d’aller servir les pauvres chez eux.
En 1633, la Providence lui envoie une jeune vachère qui, avec ses compagnes, souhaite servir les pauvres. Saint Vincent va tirer parti de l’expérience de François de Sales et de Jeanne de Chantal2, pour ne pas les enfermer dans un ordre religieux mais en faire une compagnie : les Filles de la charité, dont le statut de laïques consacrées les dispense d’être cloîtrées. Faisant elles-mêmes vœu de pauvreté, elles pourront aller s’occuper des pauvres partout où ils se trouvent. Elles ne feront pas de vœux perpétuels mais les renouvelleront tous les ans. Là encore, Vincent leur donnera un règlement.
En 1638, pour répondre au sort horrible réservé aux enfants abandonnés, Monsieur Vincent créera encore l’œuvre des enfants trouvés. Ce sera sa dernière création. Pendant la vingtaine d’années qui lui reste à vivre, il va organiser et enseigner. Il laisse un grand nombre d’écrits.
1 Marguerite Naseau voir n° 254
2 Les sœurs de la Visitation dont l’objet était le même furent obligées d’être cloîtrées conformément au Concile de Trente.

EN SAVOIR +
« Avec Vincent, chacun peut emprunter la route de l’homme, notre route, qui est la route de l’Église, afin d’être, ensemble, en chemin vers les pauvres, en chemin pour les pauvres et enfin en chemin avec les pauvres, toujours la grâce de Dieu aidant, en vue du respect de la création, de la paix des cœurs, de la concorde des esprits, et du salut des âmes. » Saint Vincent de Paul – Vivre pour le meilleur, père Jean-Yves Ducourneau (Pierre Téqui éditeur).
