Invités mutuellement à révéler nos richesses

Par le passé, il était question de « faire la charité » ou encore « d’assister » les pauvres. Aujourd’hui, on insiste davantage sur un enrichissement mutuel entre accueillis et bénévoles. 

Rencon­trer des personnes diffé­rentes de nous – ceux que nous appe­lons les pauvres – nous oblige à évoluer, à gran­dir dans la charité, c’est-à-dire dans l’Amour. 

« Nos Seigneurs et nos Maîtres »

Nous connais­sons cette expres­sion dite et redite par saint Vincent de Paul. Le mot pauvre est souvent galvaudé et, dans la société actuelle, il est sans doute plus facile de parler des pauvres que de les accom­pa­gner. Monsieur Vincent voit dans la personne du pauvre la personne même du Christ. Il nous demande de « tour­ner la médaille et ainsi de voir par les lumières de la foi que, le Fils de Dieu qui a voulu être pauvre nous est repré­senté par ces pauvres ». Lesquels peuvent être défor­més par la misère. Cepen­dant, Vincent nous invite à voir Dieu en eux. Il nous fait passer de la socio­lo­gie à la mystique1.

Jésus est présent en ceux que nous servons

Vincen­tiens, amis pour aimer, nous sommes tout simple­ment des béné­voles qui veulent vivre leur baptême en « faisant régner Dieu en nous par la foi, l’es­pé­rance et la charité » (saint Vincent) et donc une charité qui retrousse les manches ! Vivons en lien avec la para­bole du bon Sama­ri­tain (Luc 10, 29–37).

« Saint Vincent nous invite à voir Dieu en eux »

Béné­voles mais abso­lu­ment pas « pater­na­listes » ou se croyant supé­rieurs, c’est toute la conver­sion (n’ayons pas peur du mot) que nous avons à vivre. Par la foi, nous décou­vrons que Jésus est là dans la personne que nous servons, que nous visi­tons, et dans ces rencontres nous trou­vons des « semences du Verbe » (Vati­can II) : « C’est à Moi que tu l’as fait ». À travers nos rencontres avec les personnes accueillies, nous nous enri­chis­sons mutuel­le­ment. Je partage avec vous cette anec­dote qui m’éclaire : un homme, qui faisait la manche à la porte de l’église, m’in­ter­roge : « Est-ce que je peux lire à la messe ? » Sur le moment je crois rêver ! Quelques jours plus tard, je l’in­vite à venir lire devant le micro, l’église étant vide. Exer­cice renou­velé plusieurs fois. Un dimanche, le voici lisant la Parole de Dieu devant l’as­sem­blée. N’est-ce pas une évan­gé­li­sa­tion mutuelle et un inves­tis­se­ment pour tous ? Car je crois que cet homme, Michel, nous a rame­nés à l’es­sen­tiel. Il a même été un « maître » pour bien des pratiquants qui n’osent pas lire la Parole de Dieu devant leurs frères.

Vivre en parte­na­riat

Début mai, nous célé­brons la fête de l’As­cen­sion. Physique­ment, Jésus quitte cette terre. Mais Il a demandé à ses disciples d’an­non­cer la Bonne Nouvelle. Ainsi, « de notre foi au Christ, qui s’est fait pauvre et toujours proche des pauvres, et des exclus découle notre préoc­cu­pa­tion pour le déve­lop­pe­ment inté­gral des plus aban­don­nés de la société 2 ».

Deve­nons de plus en plus des parte­naires qui s’en­ri­chissent mutuel­le­ment avec des personnes accueillies. Celles-ci nous remettent en ques­tion, nous ramènent à l’es­sen­tiel, nous forcent à être vrais et à ne pas prendre nos senti­ments pour des réali­tés. Oui, « ils sont nos maîtres » car ils sont le lieu privi­lé­gié où l’on rencontre Jésus-Christ.

Le Christ est « assis à la droite du Père » mais, en même temps, ne regar­dons pas le ciel, puisqu’il est au milieu de nous en vivant le parte­na­riat avec tous les frères rencon­trés dans nos Judée et nos Sama­rie d’aujour­d’hui.

Jean-Claude Petey­tas,
diacre vincen­tien

1Saint Vincent de Paul, maître de sagesse – Initia­tion à l’es­prit vincen­tien.
 (Père J.P. Renouard)

Pape François (La joie de l’Évan­gile)

Devenir bénévole

Nous avons toujours besoin de mains supplémentaires !