Aider, être aidé et se sentir utile

Dans la Manche, la réac­ti­vité et l’es­prit d’équipe des Vincen­tiens de Saint-Pierre-Église (50) permettent à une mère et son fils d’en­vi­sa­ger une nouvelle vie. Par Myrlène Farnoux, char­gée de commu­ni­ca­tion

Des rencontres qui tombent à pic !

Tout a commencé en septembre 2023, lors de la prépa­ra­tion au baptême de Diego, 10 ans. Sa mère, Jenni­fer, rencontre le père Michel et lui confie l’im­passe dans laquelle elle se trouve. Diego va bien­tôt rece­voir un nouveau fauteuil roulant, mais il ne pourra pas l’uti­li­ser dans la voiture fami­liale. Le véhi­cule ne sera sûre­ment pas homo­lo­gué par la Maison Dépar­te­men­tale des Personnes Handi­ca­pées (MDPH) et Jenni­fer n’est même pas sûre de passer le contrôle tech­nique. Or, Jenni­fer et Diego ont abso­lu­ment besoin d’une voiture pour les rendez-vous médi­caux du jeune garçon et aller à l’Ins­ti­tut Médico Éduca­tif (IME) où il est scola­risé. Touché par sa situa­tion, le père Michel met Jenni­fer en rela­tion avec Chan­tal, prési­dente de la Confé­rence Notre-Dame-du-Val-de-Saire à Saint-Pierre-Église, afin d’ob­te­nir une subven­tion pour un  véhi­cule auto­risé à trans­por­ter les personnes à mobi­lité réduite (PMR).

C’est à cette même période que Luc entre à la Confé­rence. Il vient tout juste de rencon­trer des béné­voles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul lors du forum asso­cia­tif de sa commune. Marqué par son slogan « Être présent, tout simple­ment », Luc décide de s’y inves­tir. Tout va très vite : deux jours après leur rencontre, Chan­tal lui fait part de la situa­tion urgente dans laquelle se trouvent Jenni­fer et Diego. « On a rencon­tré quelqu’un qui avait besoin de dire « merci » et de trou­ver un chemin de vie. Si on pouvait aussi lui appor­ter un lien d’ami­tié, alors oui ! » raconte Chan­tal.

Les béné­voles dans la Manche

« Aider comme on m’a aidé »

Luc est immé­dia­te­ment sensible à l’his­toire de Jenni­fer et décide de prendre en charge le sujet de la voiture. D’au­tant plus que cela fait écho à son parcours de vie. En juin 2023, suite à un très grave acci­dent domes­tique qui l’a atteint physique­ment et dans sa vie person­nelle, il doit suivre une réédu­ca­tion. C’est à ce moment qu’il béné­fi­cie d’aide de la part de son entou­rage, d’amis, et de membres d’as­so­cia­tions. Une soli­da­rité qui le touche. À son tour, il a envie de rendre ce qu’il a reçu et souhaite consa­crer du temps aux autres en deve­nant béné­vole « Je veux aider comme on m’a aidé. En aidant les gens, tu te sens utile », explique-t-il. Il complète par la parole du Christ : « Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, pareille­ment vous aussi, faites-le pour eux. »

Dans la vie, « Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solu­tions qui peuvent être diffi­ciles à trou­ver », déclare Luc. Pour aider Jenni­fer et Diego, l’idée de Luc n’était pas d’ache­ter une voiture neuve (esti­mée à plus de 20 000 euros), mais d’en trou­ver une qui soit dans les critères de la MDPH. Après avoir démar­ché les conces­sion­naires, c’est sur Inter­net qu’il trouve la perle rare, propo­sée par un garage d’Île-de-France. En paral­lèle des recherches de Luc, Chan­tal s’est occu­pée de toute la partie finan­cière en faisant appel aux parte­naires bancaires et autres insti­tu­tions.

« Le travail d’équipe et la réac­ti­vité de la Confé­rence, du Conseil Dépar­te­men­tal (CD) et du Conseil Natio­nal de France (CNF) pour débloquer les fonds ont joué un rôle primor­dial dans cet achat », rappelle Marie-France Peti­tet, prési­dente du CD de la Manche. Une semaine après, Luc et Michel, béné­vole à la Confé­rence et qui fait office de chauf­feur, se rendent en Île-de-France pour récu­pé­rer la voiture. Soli­daires, les Vincen­tiens des dépar­te­ments fran­ci­liens leur ont offert le taxi pour se rendre au garage.

Soli­da­rité entre équipes

Désor­mais équi­pés d’une nouvelle voiture, Jenni­fer et Diego envi­sagent une nouvelle vie. Au prin­temps, ils vont emmé­na­ger dans un loge­ment adapté. Là encore, l’ap­pui de la Confé­rence a été capi­tal. Les Vincen­tiens et le père Michel ne sont jamais très loin pour prêter main-forte à Jenni­fer, car elle vit seule avec son fils. 

Cet accom­pa­gne­ment est précieux pour monter un dossier admi­nis­tra­tif ou pour l’ai­der à béné­fi­cier d’un vélo adapté pour fauteuil roulant. Ils préparent aussi le futur voyage de Diego en Espagne où il suivra une théra­pie inten­sive. Lorsqu’elle le peut, Jenni­fer parti­cipe aux ateliers de confec­tion de déco­ra­tions avec les béné­voles de la Confé­rence. « Luc me donne un exemple, Diego a une patho­lo­gie avec une espé­rance de vie qui peut être limi­tée et Luc me montre [à travers sa déter­mi­na­tion] ce que je peux faire si un jour je pense être au fond », témoigne Jenni­fer.

Il n'y a que des solutions à trouver

Les bénévoles entourent Diego et Jenifer. (Crédit SSVP)