Vivre le Carême 2025
Lourdes 2024 Jour #2 Dans la joie de la rencontre
Ce jeudi, les participants aux Rencontres Nationales ont entamé leurs travaux de groupe. Pour partir à la rencontre de l’autre et cheminer ensemble vers plus de fraternité. Par vam. Photos Cat Pham et vam
Ils sont dans une joie immense
Certains se sont couchés tard, le réveil a sonné tôt pour être à l’heure dans l’église Sainte-Bernadette jeudi 10 octobre 2024. « Notre train est arrivé à 21h passés, mais nous sommes là ! » raconte un participant aux Rencontres nationales de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, fatigué mais heureux. « Enfin nous y sommes, après des mois de répétitions, d’organisation, nous y sommes » confirme Serge Castillon, le président national de l’association. Dans son discours d’accueil, il rappelle l’implication de toute une équipe pour concevoir ce rendez-vous, en particulier quatre personnes accompagnées qui font partie, depuis le début, du comité de pilotage. Maryse, Bérengère, Thierry et Robert sont d’ailleurs présents à Lourdes, au service des participants : à l’accueil, la sécurité ou l’animation.
« C’est un vrai cœur à cœur que nous vivons, déclare Serge Castillon. Ainsi, nous voilà parfaitement ajustés avec la Règle, qui nous rappelle notre mission : 'Aller à la rencontre de l’autre, être au service des personnes seules ou en précarité tout en faisant vivre notre foi’. »
Pour vivre ces moments spirituels pleinement et joyeusement, le groupe de louange Praise et le frère Jacques sont chargés de chanter et faire louer l’assemblée. Malgré l’heure matinale, les participants n’ont pas de mal à se lever et manifester qu’ils sont « dans la joie, une joie immense ! » avant de participer à la messe célébrée par le p. Jean-François Desclaux, c.m. Pour l’occasion, l’accompagnateur spirituel de la Société de Saint-Vincent-de-Paul concélèbre avec une dizaine de confrères.
Quand le berger cherche son troupeau
Le rendez-vous est donné devant la vierge couronné. « Vous cherchez les moutons et brebis du groupe 8 ? » Les participants aux Rencontres Nationales se lancent dans les groupes de partage. Près de 130 groupes de 10 à 12 personnes – des brebis et moutons – encadrés par un animateur spirituel – le berger ou la bergère. Ce dernier se reconnait à son cordon orange autour du cou. « Excusez-moi, je suis à la recherche de mon berger ! » Hilare, un participant confie à son voisin « Voilà un excellent moyen d’initier la conversation avec les gens… » Dans une bonne humeur générale, les bergers finissent par retrouver leur troupeau et le conduise, non pas vers de jolis pâturages lourdais, mais plus prosaïquement des salles préparées tout exprès par l’équipe de salariés de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.
« Nous allons commencer par lire cette prière à l’Esprit-Saint, puis on partagera sur le texte. » indique un berger. « Mais? Eh si je n’ai rien à dire ? » s’inquiète un participant. Pas d’inquiétude, la bienveillance règne. Chacun écoute sans jugement pour que tous puissent parler – ou pas- librement. Les bergers plus aguerris ont leur technique : une petite bougie, un chant, qui permettent d’entrer dans la prière et d’amener le groupe dans un état de réflexion malgré le léger brouhaha qui les entoure. Pendant 1h30, les visages s’éclairent, les mains s’agitent… « J’avais un peu peur, confie une animatrice. Dans mon groupe, habituellement, les gens ne parlent jamais. Mais aujourd’hui… » Elle sourit. « C’était formidable ! Des personnes accompagnées ont partagé des choses fortes. Je suis très heureuse de ce qui s’est passé cet après-midi. »
Qui vient de plus loin ?
Ils ont pris un moment pour se rencontrer. Un message a tourné sur le groupe Whatsapp des jeunes : rendez-vous pour un café à la Maison Sourire de Lourdes à 13h45. Une dizaine de jeunes bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul a profité des Rencontres Nationales pour faire connaissance IRL (In real life = dans la vraie vie). S’ils échangent via les réseaux sociaux, ce café leur a donné l’occasion de partager un moment de convivialité et de matérialiser le réseau jeune de l’association. « Il parait qu’il y a eu une session d’été ? » interroge une jeune fille. Pauline, l’une des responsables du groupe confirme. Elle redonne les informations tandis qu’Azélie Leroux, chargée du réseau jeunes au niveau national rappelle comment trouver les informations.

« Je viens du Nord, qui vient de loin ici ? » demande Raphaël. A Lorient, Bordeaux ou Orléans, ils sont impliqués dans leurs équipes locales depuis quelques mois ou quelques années et participent pleinement à ce réseau de charité lancé il y a plus de 190 ans par un étudiant d’à peine 20 ans… Frédéric Ozanam. « Je cherchais à aider, c’est ma mère qui m’a parlé de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, raconte Jacob, 26 ans. Depuis quatre mois, je participe à la distribution alimentaire. Mais, en fait on parle avec les gens, on en profite pour demander comment ça va la famille... » Comme son voisin Loïc, déjà plus expérimenté dans le bénévolat, Jacob est heureux de rencontrer des jeunes : « On partage nos expériences ! »
Spectaculaires créations
Quelques minutes avant d’entrer en scène, Collin avait le trac. Cela ne s’est pas vu lors de la représentation de la troupe Les Spectaculaires. Le groupe a inauguré la série de présentations des projets créatifs imaginés par les bénévoles et les personnes accompagnés de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Ensemble, des équipes ont fait du théâtre, de la peinture, de la couture, de la photo… Ce soir, c’est donc la troupe de Collin, venue de Sisteron (Alpes-de-Hautes-Provence) qui se lance sur la scène, enfin l’estrade de l’église Sainte-Bernadette.
Au piano, Pierre accompagne les acteurs, quelques notes des Variations Goldberg de Bach pour débuter et les acteurs déclament tour à tour Rimbaud, Verlaine, Grand Corps Malade, Pagnol… Les tableaux de Colin sont projetés sur les écrans, la régie ajuste la lumière, les acteurs jouent avec un accessoire ou deux. C’est presque un seul en scène, c’est surtout vertigineux pour des personnes accompagnées qui n’ont pas l’habitude de se produire en public. Ce soir, près de 1 700 personnes retiennent leur souffle et écoutent. Un public attentif et bienveillant encourage l’actrice qui perd le fil du texte et chante avec la troupe lors du final.

Faire ensemble, c’est parfois simplement tracer quelques traits de couleur sur du papier. A Auxerre (Yonne), des talents d’artistes se révèlent lors de l’atelier peinture. Pour raconter ces délicats moments partagés, l’équipe a amené à Lourdes quelques unes de ses productions. Les œuvres sont exposées sur un côté de l’église Sainte-Bernadette, une mini galerie d’art qui reflète la créativité et la tendresse des auteurs. Et pour montrer encore mieux ce qui se passe dans cet atelier singulier, le mini film réalisé par 5e Etage Production est montré au public. Une immersion au plus près, porté par le témoignage d’Agnès et Dominique.
« La couture c’est savoir faire ou ne pas faire d’ailleurs ! déclare Valérie. On montre aux messieurs aussi, ça n’est pas évident » précise-t-elle avec une pointe de malice et un délicieux accent américain. Bénévole à la Société de Saint-Vincent-de-Paul à Paris, elle représente toute l’équipe des couturier(e)s qui depuis plusieurs semaines façonne des petits poissons en porte-clé. Leur production est exposée à l’entrée de l’église. Petite pêche miraculeuse de cuir, feutrine et tissu pailleté, les poissons attirent l’œil des bénévoles qui viennent interroger Lourdes, Emmanuelle, Manuel et les autres sur la faisabilité du projet. « C’est compliqué ? Tiens si on préparait ça pour la vente de Noël ? » Sur scène, Valérie a vaincu sa peur de parler devant une assemblée aussi nombreuse. « On n’aura pas le temps de raccommoder tous vos habits ce soir, mais si vous passez à Paris, venez nous voir, l’atelier c’est le samedi ! »
Qui sont les Ozanam d’aujourd’hui?
La question, c’est Didier Decaudin qui la pose. Bénévole engagé particulièrement sur la spiritualité, il fait partie de l’équipe organisatrice des Rencontres Nationales. C’est aussi un fin connaisseur de Frédéric Ozanam dont il a lu la correspondance en intégralité. Ce soir, Didier Decaudin tient à partager des extraits des lettres du fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul avec l’assemblée. Il commente en quelques minutes la réalisation du livre dont il a dirigé l’édition ces derniers mois. Un support pour mieux comprendre la spiritualité d’Ozanam mais aussi pour se questionner : qui sont ces Ozanam, prêts à s’engager aujourd’hui pour « enserrer le monde dans un réseau de charité » comme le fit, en 1833, Frédéric ?

Ensemble, veiller
Après dîner, certains reprennent encore le chemin de l’église Sainte-Bernadette pour une veillée. Une soirée de prière méditative, préparée par des bénévoles et personnes accompagnées autour de trois textes d’évangile et animée par le frère Jacques.
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Le vlog d’Agathe Rodrigues