Le Comité départemental des Côtes d’Armor et les migrants

Le Comité départemental des Côtes d’Armor et les migrants

Dans le cadre de l’en­ca­dre­ment des centres d’ac­cueil d’ur­gence le Comité dépar­te­men­tal des Côtes d’Ar­mor (CD22) a, depuis de nombreuses années accueilli des migrants. Ce fut le cas jusqu’à récem­ment à Lamballe où la gestion du centre a été trans­féré à un CHRS « Penthièvre Actions ». Les membres de la Confé­rence ont été vrai­ment très déçus de ne plus avoir cette action moti­vante à faire. Ce fut l’une des raisons essen­tielle évoquée pour justi­fier leur démis­sion de la Confé­rence.

A Lannion l’ac­cueil d’ur­gence se pour­suit et celle des migrants aussi comme on le verra par la suite, ce qui permet­tra d’évoquer la situa­tion de migrants déjà sur le terri­toire français depuis quelque temps.

La guerre en Syrie et la fuite des syriens vers l’Eu­rope par dizaine de milliers a créé une situa­tion huma­ni­taire diffi­ci­le­ment suppor­table, mais aussi une crise poli­tique euro­péenne où chacun semble prêt à se barri­ca­der chez lui. En France il semble­rait que seuls les syriens soient des réfu­giés et sont prio­ri­taires. Ainsi à Rennes à l’OF­PRA des scènes de violence ont eu lieu entre migrants, vues les prio­ri­tés accor­dées aux Syriens.

Un immense élan de soli­da­rité s’était enclen­ché en France suite aux premières annonces d’ar­ri­vée de migrants Syriens. Mais en fait il est diffi­cile de savoir si la France a accueilli ceux qui étaient prévus. De plus comme consta­tée par la cellule de coor­di­na­tion diocé­saine où le CD22 de St-Vincent est repré­senté par Yannick de Saga­zan, le tréso­rier :

  • La cellule diocé­saine semble être allée au bout de son travail de recen­se­ment des loge­ments dispo­nibles et des compé­tences de soutien et d’ac­com­pa­gne­ment de familles à venir.
  • Mais, comme partout il n’y a pas de réponse de l’État quant à l’ac­cueil de réfu­giés irakiens ou syriens.
     

Par contre la cellule diocé­saine est contac­tée par plusieurs asso­cia­tions signa­lant que des familles deman­deuses d’asile restent sans héber­ge­ment ! Ainsi un couple de Geor­giens soute­nus par la Confé­rence de Loudéac avec trois jeunes enfants, s’étant retrou­vés à la rue ont été accueillis dans une maison par la commune de Plouha. Une asso­cia­tion, accep­tée par les auto­ri­tés et parrai­née par le CD22 compre­nant des repré­sen­tants des communes de Paim­pol, Plouha et Plou­rhan est en cours de créa­tion pour la gestion de ces réfu­giés.

A Lannion, les migrants sont une popu­la­tion que nous connais­sons aussi comme à Lamballe déjà depuis long­temps, avant le drame syrien, à tel point qu’il y a quelques années – ce n’est plus le cas actuel­le­ment – ils étaient majo­ri­taires dans nos accueillis. Ce sont des immi­grés venant vrai­ment de tous les pays du monde, du Pakis­tan au Nigé­ria, du Congo, ou du Séné­gal voire de Mongo­lie, rentrés en France comme ils ont pu et qui ont solli­cité et attendent en géné­ral  un visa de séjour pour pouvoir travailler passant de CADA en centres d’ur­gence ou en squat. Leurs situa­tions sont très diverses.

Quelques situa­tions à signa­ler :
Ainsi Anto­nio et Eliza­beth, Roger et Estelle que beau­coup connaissent dans le secteur de Lannion sont passés par St-Vincent de Paul. Puis, aidés par la paroisse et le Secours Catho­lique, ils ont subsisté, et ont main­te­nant un travail et y sont appré­ciés.  Ange Gabriel a été accueilli et aidé par la Confé­rence de Loudéac. Il est parfai­te­ment inté­gré à la popu­la­tion  et à la Confé­rence. Après l’ob­ten­tion de son visa il se dispose à reprendre des études.

L’ac­cueil du migrant est impor­tant pour les béné­voles de Lannion. Chaque perma­nente ou chaque veilleur a pu ainsi prendre conscience  de situa­tions humai­ne­ment très diffi­ciles mais aussi lier des contacts voire prendre en charge des héber­gés ; tel ce veilleur qui a hébergé un couple de sici­liens. Après leur avoir trouvé du travail dans le maraî­chage  ceux-ci ont pu voler de leurs propres ailes. Les discus­sions sont toujours enri­chis­santes et incon­tes­ta­ble­ment amènent à un regard plus misé­ri­cor­dieux sur la vie. D’autres ont pu entendre l’his­toire de ce jeune afri­cain, à peine majeur, qui venait d’ar­ri­ver en France ayant perdu deux membres de sa famille dont son père lors de la traver­sée de la Médi­ter­ra­née. Ou ce jeune nigé­rien musul­man, admi­ra­tif du Pape François et titu­laire d’un Master 2 en déve­lop­pe­ment local, qui cueillait les cocos pour avoir les moyens de repar­tir dans son pays pour s’y inves­tir, encou­ragé par un SDF français, chré­tien baptiste. Ceci n’est que de simples exemples car chaque jour apporte son lot de souf­france mais aussi de surprises enri­chis­santes.

L’ac­tion de l’ac­cueil d’ur­gence de St-Vincent à Lannion est bien modeste compa­rée aux besoins. Le centre est pour­tant complet presque chaque soir pendant la saison d’ac­cueil de nuit. Durant l’an­née 2014/2015 de l’ordre de 800 nuitées d’hé­ber­ge­ment ont été réali­sées dont 35% de migrants. Les années précé­dentes le nombre de nuitées pour les migrants était plutôt de l’ordre de 400.